Dans l’automne du capitalisme, le vent du covid-19 fait virevolter une multitude de feuilles, d’inégal intérêt. La plupart sont purement incantatoires : leurs auteurs se réjouissent de revoir des poissons dans la lagune de Venise, mais retourneront à leur petite tambouille aussitôt la tempête passée. C’est qu’ils postulent qu’un changement de système est possible à peu de frais : un petit coup, et hop !, on y retourne. Passons sur ces propos de circonstance : ils ne sont que tintinnabulage.
Si Reconstruction de Clément Caudron est d’un autre genre, c’est peut-être que ni l’ambition personnelle, ni la compromission intellectuelle n’y ont leur part. Le membre du collectif Chapitre 2, qui, en 2019, avait contribué à mettre la gauche à l’épreuve de l’Union européenne*, y déroule une réflexion originale, qui fera utilement fonctionner les méninges d’un lectorat en recherche d’une radicalité de bon aloi. À cette lecture on ne se paie pas de mots, mais d’idées, pour la plupart fortement référencées (citons seulement Bernard Friot, dont il est beaucoup question ces temps-ci), quelquefois plus personnelles : sur la démocratisation de l’entreprise, sur le financement de l’économie, sur l’encadrement des rémunérations, sur la transition écologique, sur la mise en œuvre de la souveraineté populaire, etc. Il faudrait les discuter une par une, tant elles sont foisonnantes et font système**. Ne les égrenons donc pas et laissons les lectrices et lecteurs se faire leur opinion sur chacune. Ce contenu quasi programmatique fait en tout cas la force d’un essai dont la première qualité est de démontrer, ayant exploré un à un les possibles du « monde d’après », que la révolution est devenue bien plus raisonnable que le statu quo.
Reconstruction – La crise totale comme opportunité, Bookelis, 2019, à commander en ligne ici.
* Collectif Chapitre 2, La Gauche à l’épreuve de l’Union européenne, Éditions du Croquant, 2019.
** Clément Caudront avait déjà produit, en 2017, Système contre système.