ça veut dire : « crosses en l’air ! »

« La Fraternité » par Frédéric Sorrieu – Source gallica.bnf.fr / BnF

Mon ami, l’heure est grave. Si comme moi tu as lu un ou deux médias bien informés, tu as vu que le gouvernement est en train de faire voter une loi pour interdire de diffuser des images de policiers. L’heure est grave parce que c’est en diffusant des images de policiers qu’on a pu prouver les violences de l’État contre le peuple.
Ces violences ne datent pas d’hier. Ça fait même des siècles que ça dure. Il y en a eu sous la royauté. Il y en a eu sous la république. La plupart du temps contre les pauvres quand ils se rebellaient, quand ils réclamaient de meilleures conditions de vie, les paysans, les ouvriers, les immigrés, etc. Quand ça restait dans les banlieues ça ne choquait personne. Quand les gilets jaunes se sont fait tabasser sur les Champs-Élysées il est devenu difficile de fermer les yeux. Il y en a beaucoup qui approuvent et ils ont leur rond de serviette dans la grande presse et à la télévision. Ils aimeraient mieux voir tirer dans le tas plutôt que de faire une place au soleil à ceux qui sont dans l’ombre. Il y en a aussi qui dénoncent, mais on ne les entend pas. Le problème surtout est que la majorité se tait. Elle aimerait mieux ne jamais avoir affaire à la police, ce qui est illusoire attendu qu’on ne peut plus faire grand-chose sans avoir affaire à la police, même quelques pas dans la rue. Ça devrait l’inciter à s’intéresser à la question.
Un ministre de l’intérieur dont j’oublie le nom a dit qu’il voulait remettre le bleu à la mode. C’était une façon de parler parce qu’il a supprimé des milliers de postes de policiers quand il a été président. En fait, ça voulait juste dire que l’État sortait son bon vieux bâton, qu’il n’était pas là pour taper le ballon avec les jeunes, mais plutôt pour les laisser s’embringuer dans des transformateurs électriques, et que les autres n’avaient qu’à bien se tenir. « Ça c’est une classe qui se tient sage » dit encore un policier devant des gamins alignés comme des prisonniers de guerre. « Nous ne sommes pas dans le même camp, Madâme » dit son chef.
Moi, je ne te dirai jamais qu’il ne faut pas de police. Mais je te dirai qu’il faut une police par et pour le peuple. Je te dirai aussi qu’une police par et pour le peuple, ce n’est pas une police qu’on cache après l’avoir dressée contre les gens, que ça c’est bon pour les escadrons de la mort dans des dictatures plus ou moins lointaines, où les manifestants finissent au fond du fleuve. La police, je la veux à visage découvert, je veux qu’elle ne craigne pas plus les gens que les gens n’ont à craindre d’elle. Si on y réfléchit, il n’y a pas grand-chose qui différencie un policier d’un travailleur quelconque, à part les ordres qu’il reçoit. Alors je veux que sa devise soit vraiment « protéger et servir » et non pas « réprimer et punir ». Prendre des images des policiers c’est l’arme du citoyen pour y veiller. C’est une autre manière de dire « crosse en l’air ! » Alors quand on se bat pour ça on ne se bat pas contre la police, on défend notre droit à avoir une vraie police démocratique et républicaine. Tu ne crois pas que ça en vaut la peine ?

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